Un regard une image
Portrait de Diego de Covarrubias par El Greco
Dès la première salle le regard du visiteurs est attiré par deux tableaux identiques placés côte à côte. Il s'agit du portrait de Diego de Covarrubias par le peintre de cour Sanchez Coello et de la copie qu'en fit 25 ans plus tard Le Greco. L'extraordinaire est que c'est celui du Greco qui paraît avoir été peint sur le vif et celui de Coello d'en être la morne copie!
Diego de Covarrubias appartint à l'establishment politique et religieux de l'Espagne du XVIe siècle. Né en 1512, mort 1577 à Madrid, il fut évêque de Saint-Domingue dans les Antilles, puis évêque de Ségovie, il participa aux travaux du concile de Trente. C'est sans doute son frère, Antonio de Covarrubias, qui commanda une réplique lorsqu'il se fit portraiturer par Le Greco aux alentours de 1600.
Ce face à face des deux tableaux est l'occasion pour le visiteur d'analyser ce que l'art du peintre avait de novateur pour son époque et par rapport au milieu artistique espagnol.
L'effigie se détache d'un fond brun et noir largement brossé qui, malgré des couleurs austères, vibre. Pour le portrait proprement dit, remarquer les petites touches de peintures posées avec un pinceau à poils dur qui se croisent, se chevauchent et ne se fondent pas en dégradé. L'aube paraît ainsi plus blanche, plus lumineuse, la chevelure, la barbe, les moustaches plus drues, enfin les deux yeux légèrement asymétriques ont une étonnante présence. Présence due aux petites macules de blanc pur qui donnent vivacité et même un certain humour à un personnage qui devait, de par ses fonctions, en être totalement dépourvu.
Tout en étant fidèle au modèle dans le moindre détail, Le Greco a su affirmer son originalité, sa maîtrise, et aussi son empathie avec le modèle.
Gilles Coÿne
Portrait de Diego Covarrubias par Le Greco © Toledo, museo del Greco
El Greco
Domeniko Theotokopoulos 1900
Jusqu'au 9 mai 2010
Palais des Beaux-Arts
10, rue Royale, 1000 Bruxelles
Tél.: 00322 507 82 00
Internet : www.bozar.be
Publication : Catalogue (en français et en néerlandais), 2010, Bruxelles, éditions BAI, 200 p. 29,95€